L’expression du Roppô Kuji no Biken

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Ce sujet a 0 réponse, 1 participant et a été mis à jour par  Laid Bouadjadja, il y a 4 ans et 6 mois.

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    Laid Bouadjadja
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    L’expression du Roppô Kuji no Biken

    Le thème de l’année est Roppô Kuji no Biken et le feeling à comprendre est Yûgen no Sekai. Comme vous le savez tous déjà, le travail est axé en priorité sur le travail du sabre. Récemment au Japon, nous avons essentiellement travaillé les techniques du Kukishinden Ryû Biken Jutsu mais je pense qu’il ne faut pas s’arrêter à cette seule école. Néanmoins, comme Sensei n’a présenté que des techniques du Kukishinden durant le dernier Taikai de Tokyo, c’est à partir de là que nous tenterons de comprendre l’essence du travail au sabre.

    Tout d’abord, rappelons-nous cette phrase de Toda Sensei à l’attention de Takamatsu Sensei : le sabre Kukishin est plus puissant que le sabre Togakure.

    C’est en partant de cette remarque du Sôke du Togakure à son élève que je suis parti dans mon étude du thème de l’année.

    Suivant les sources que nous avons, nous voyons que le Biken Jutsu comprend 16 techniques de sabre (certaines sources font état de moins, d’autres de plus). Quand on étudie en détail l’ensemble « Biken Jutsu » nous nous apercevons que nous pouvons découper cet ensemble de 16 techniques en deux groupes : les techniques de base et les Sayu Gyaku. Comme vous le savez, Sayu Gyaku signifie « des deux côtés » et par extension « dans toutes les directions ». Nous savons par ailleurs que chaque technique comprend 3 Henka.

    Fort de cette observation, on s’aperçoit que les 9 techniques de bases peuvent se décliner en variantes intitulées Sayu Gyaku. En clair, il nous suffit de travailler les 9 techniques de bases pour accéder à l’essence du Biken Jutsu du Kukishinden Ryû.

    Ces 9 techniques sont les suivantes :

    – Tsuki Komi
    – Tsuki Kake
    – Kiri Age
    – Kiri Sage
    – Kinshi
    – Kochô Gaeshi
    – Shi Hô Giri
    – Happô Giri
    – Tsuki no Wa

    Dans toutes ces techniques, Uke part d’une attaque de type Jôdan no Kamae. Mais lors de notre étude du Juppô Sesshô nous avons aussi travaillé des techniques au nombre de 3 où le départ se faisait en posture Jôdan no Kamae mais dans lesquelles, Uke attaquait soit de face, soit du côté gauche, soit du côté droit.

    Dès lors, on peut supposer que ces trois Henka dont nous faisions état précédemment ne sont que des variantes dans l’attaque de Uke. En effet, quand Uke est en posture pourquoi choisirait-il de nous attaquer de front alors que les angles des postures de Uke et Tori peuvent lui permettre d’éviter la lame de son adversaire, de passer sa garde et de vaincre ?

    Je suis donc parti du présupposé que les 9 techniques généraient chacune trois variantes en attaque et qu’elles représentaient ainsi les différents types de situation auxquelles on peut se trouver confronter lors d’un combat au sabre. Attention, je ne dis pas que c’est la vérité seule et unique, j’expose ici comment nous avons décidé de travailler ces techniques au Dôjô de Paris.

    Quand on pousse plus avant l’étude détaillée de ces 9 techniques, on s’aperçoit aussi qu’elles sont de trois ordres. Les trois premières techniques se font « Après ». Par après, j’entends que l’intention d’attaque est déjà manifestée par Uke. L’action de Tori intervient après l’attaque première de Uke et avant qu’il ne puisse repartir pour une seconde attaque. Les trois techniques suivantes se font « Pendant ». Uke a pris lé décision d’attaque, il est en mouvement mais l’intervention de Tori se fait plus tôt que précédemment. Tori va à la rencontre de l’attaque de Uke, pendant l’attaque. Les trois dernières techniques se font « Avant ». Uke n’a pas encore manifesté sa décision d’attaquer et Tori en profite pour attaquer l’intention de l’attaque.

    Ces trois temps se font sur une échelle de temps microscopique et se ressemble énormément dans la forme. Elles sont très différentes dans le rythme des attaques et contre-attaques.

    Chacune des trois techniques de chaque section « Avant, Pendant, Après » correspond aussi à 3 niveaux de mouvement : Ten, Chi, Jin. Comme toujours nous retrouvons ici le Sanshin no Kata dans ses trois représentations de base.

    Notre perception des 9 techniques prend alors la forme suivante :

    Après :
    – Tsuki Komi – Ten
    – Tsuki Kake – Chi
    – Kiri Age – Jin

    Pendant :
    – Kiri Sage – Ten
    – Kinshi – Chi
    – Kochô Gaeshi – Jin

    Avant :
    – Shi Hô Giri – Ten
    – Happô Giri – Chi
    – Tsuki no Wa – Jin

    Cette précision du mouvement dans l’espace nous amène alors à considérer d’un autre œil le thème de l’année dont le nom est Roppô Kuji no Biken.

    Durant le Taikai, Sensei nous a beaucoup parlé de Shiki (conscience) comme étant le 6° élément. Nous sommes passés du Godai au Rokudai, en clair, après les 5 éléments de la matière : Chi Sui, Ka, Fû, Kû nous arrivons à un nouvel élément celui de la conscience. Dan son dernier ouvrage, Sensei définit aussi Shiki comme étant aussi « connaissance ». Le « Roppô » est alors symbolique de ce sixième élément conscience/connaissance que nous devons trouver au travers de la pratique des 9 formes (techniques) ou « Kuji ».

    Nous pouvons alors traduire le Roppô Kuji no Biken comme étant « la manière d’atteindre à la conscience/connaissance par l’étude des 9 techniques de sabre du Kukishinden. Je me dois de rappeler ici que cela est mon interprétation et qu’elle n’est basée que sur mon expérience, ma pratique et mes réflexions.

    L’avantage de cette approche est qu’elle est cohérente en soi. Elle permet en outre de comprendre l’idée du « Yûgen no Sekai » ou monde du non forme, non formé, non manifesté. Comme dans le San Jigen no Sekai, le suffixe « -gen » fait référence à une source, une origine, un temps ancien. « Yû » qui veut dire élégance ou courage ou bravoure, signifie aussi esprit non manifesté. Par esprit non manifesté je fais référence à « qui n’est pas encore dans la matière ». Ce monde de l’origine de l’esprit alors qu’il n’est pas encore manifesté est celui du Yûgen no Sekai.

    Avec l’étude du Juppô Sesshô de l’an passé nous sommes parti du Ni Jigen no Sekai pour arriver au San Jigen no Sekai. De la deuxième dimension vers la troisième dimension. D’un mouvement « plan » à un mouvement en « volume ». Avec le Yûgen no Sekai nous arrivons maintenant au « Zéro ». Il n’y a plus rien, plus de forme, plus de techniques puisque l’expression du mouvement est faite avant même qu’il y ait manifestation physique.

    Je voudrai pour finir citer une fois encore Hatsumi Sensei dans son dernier livre « Way of the Ninja » : « la majorité des pratiquants de Ninjutsu sont coincés dans la troisième dimension, ou même la deuxième. Certaines personnes sont mêmes encore dans la première (…). Ce n’est que lorsque vous pourrez bouger librement comme un fantôme de la première dimension à la quatrième et découvrir ainsi toutes choses émergeant du vide de la dimension de « Mu », que vous pourrez devenir un vrai Ninja ».

    La technique n’est qu’une excuse pour trouver votre vérité. Travaillez sans cesse et améliorez toujours ce que vous avez car le chemin est infini.

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